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Reshape Ceramics | La céramique comme moyen de réinsertion.

Photo de l'atelier de céramique Reshape Ceramics à Lisbonne, prise par Carmo Oliveira
Interview réalisée à Lisbonne, le 23 février
Photos prises par Carmo Oliveira pour Reshape Ceramics et par Selma Braquessac pour Casa Pipa

Reshape Ceramics est l'atelier de céramique à l'origine de la collection d'assiettes  Pura

Reshape Ceramics, ce n'est pas une entreprise comme les autres. Avant de se lancer dans la céramique, elle a d'abord œuvré pour aider à la réinsertion des anciens détenus à travers son ONG Reshape.

La finalité de ce ce projet social est de réduire le taux de récidive des personnes ayant fait de la prison. Comment ? En les formant au métier de céramiste, à l'intérieur même des prisons.

Dans cette interview, Inês, la Directrice des Opérations de Reshape Ceramics, nous en dit plus sur cette société créée pour changer les perspectives et les avenirs.

 

Préparation du grès avant de venir couler dans les moules à assiettesPréparation du grès avant de venir couler dans les moules à assiettes.

 

Comment est née Reshape Ceramics ?

" Reshape Ceramics est un projet de l'ONG Reshape, créée en 2015 à Lisbonne (Portugal). La vision et la mission de l'association Reshape consistent à offrir de bonnes conditions et un soutien à la réinsertion des personnes qui sont ou ont été incarcérées. À la fin de l'année 2020, nous avons lancé Reshape Ceramics, qui est l'entreprise sociale de l’ONG. "

  

Inês, pourrais- tu te présenter ?

" J'ai suivi un Master en Management et je me suis spécialisée dans les entreprises sociales. Je voulais vraiment mettre les compétences en gestion que j'ai acquises, ainsi que mon esprit analytique, au service de projets et de problèmes sociaux.

En 2019, j'ai fait une thèse à la Fondation Gulbenkian, avec Reshape comme sujet principal.

Après cela, la Fondation Gulbenkian m'a proposé de continuer à travailler chez Reshape Ceramics en prenant en charge le coût financier pendant deux ans. Ma mission principale était d'assurer la viabilité financière de l'organisation. J'ai commencé en tant que Chef de Projet en janvier 2020. Actuellement, je suis la Directrice des Opérations de Reshape Ceramics. "

Photos prises par Carmo Oliveira dans l'atelier de céramique Reshape CeramicsLe grès liquide est versé dans les moules fabriqués à la main, puis les assiettes sont formées avant d'être peintes directement sur le grès encore frais.

 

Pourquoi avoir choisi la céramique comme moyen de réinsertion ?

" Ce qu'il s'est passé, c'est que nous avons trouvé un atelier de céramique dans l'une des prisons avec lesquelles nous travaillions via l'ONG Reshape. Tout était en place et fonctionnait, mais il n'était pas utilisé.

C'est très courant dans les prisons ici au Portugal. Elles disposent de nombreux espaces qui étaient autrefois des ateliers. Les personnes détenues devaient effectuer un travail forcé. Autrefois, Il y avait plus de sociétés et d'ONG qui menaient des projets à l'intérieur des prisons grâce à des budgets publics plus élevés qu'aujourd'hui. Mais ensuite, en raison de l'image et de la complexité de l'administration, les entreprises ont cessé de travailler avec les prisons. Le système pénitentiaire lui-même n'avait pas les ressources pour maintenir ces activités.

Ainsi, lorsque nous avons découvert l'atelier de céramique, nous avons décidé de mettre en place un exemple pour montrer qu'il est encore possible d'avoir une production à l'intérieur d'une prison. Cette démarche a permis d'embaucher ces personnes, de les former et de leur donner un salaire digne. Et cela même si nous n'avions aucune expérience en céramique !
 

L'une des citations que nous utilisons le plus souvent ici est : « Nous n'embauchons pas des personnes pour faire de la céramique, nous faisons de la céramique pour embaucher des personnes. »

 

Notre objectif principal est de créer de véritables opportunités de formation et d'emploi, et d'autonomiser ces personnes afin qu'elles ne retombent pas dans le contexte et la situation qui, la plupart du temps, les mènent au type de crime qu'elles ont commis.

Les artisans de Reshape Ceramics peuvent quitter la prison avec l'argent économisé en travaillant avec nous. Comme il n'y a pas de salaire minimum en prison, nous avons décidé de leur payer le salaire minimum national. En faisant cela, nous espérons pouvoir servir d'exemple à d'autres entreprises. Ensuite, nous les aidons à trouver un endroit où vivre, et à régler toutes les choses qui surviennent lorsqu'ils sortent de prison.

La céramique est donc apparue en raison de cette opportunité. Lorsque nous avons commencé, nous n'avions aucune idée de ce dans quoi nous nous engagions.

Heureusement, nous avons pu rapidement évoluer grâce à nos partenaires et bénévoles. Ils nous ont aidés à concevoir la première collection, à décider des couleurs et du logo... Grâce à cela, nous avons pu rapidement embaucher un céramiste professionnel. Actuellement, nous travaillons avec deux céramistes reconnus qui se partagent le travail. Ils conçoivent les pièces, donnent les formations et aident à la gestion de la production.

Photos de l'atelier de céramique et de la vaisselle artisanale faite à la main Les assiettes platesassiettes creuses et assiettes à dessert Pura, prêtes pour le contrôle qualité. 

 

Combien de personnes travaillent aujourd'hui pour Reshape Ceramics ?

On verse le grès liquide dans les moules pour former la vaisselle en céramique

 Actuellement, nous avons une première personne qui a fini de purger sa peine et qui travaille avec nous à l'atelier. Il faisait partie du premier groupe que nous avons recruté en 2019 lorsque nous avons commencé les formations, et il est la première personne à avoir suivi le programme dans son entièreté.

Nous travaillons également avec 4 artisans à l'intérieur d'une prison, quatre autres personnes à l'atelier, et nous accueillons régulièrement des stagiaires et bénévoles.

À chaque fois qu'une personne est libérée de prison, nous la remplaçons par un autre individu qui a déjà suivi la formation.

 

 

Comment se déroule la formation ?

" Nous sélectionnons les artisans en fonction de leur motivation, de l'importance de cette opportunité professionnelle pour eux, de leur capacité à assurer la sécurité des personnes qui travaillent avec eux, et du risque de récidive. Il est estimé que sur 10 personnes qui entrent en prison, 6 d'entre elles y retourneront. Cela signifie que la prison elle-même crée un risque plus élevé de récidive. Peut-être devrions-nous changer quelques choses dans ce système.

La première partie de la formation comprend 16 séances de compétences sociales : comment communiquer, comment exprimer ses sentiments de manière saine, comment identifier ses sentiments et les montrer aux autres.

Ensuite, nous faisons un atelier de céramique en 7 sessions. C'est une formation davantage artistique et axée sur leurs visions personnelles. Nous enseignons trois techniques de céramique, et à la fin, ils sont invités à concevoir une pièce de A à Z. Après cela, nous organisons une exposition pour montrer leurs pièces.

À la fin de la formation, chaque employé de Reshape Ceramics les interviewe et les classe. Nous croisons ensuite nos résultats pour les sélectionner.

Une des choses que nous voulons, c'est que chaque personne qui travaille avec nous en tant qu'artisan sache comment fabriquer un produit du début à la fin. Par exemple, la personne à l'atelier doit connaître chaque étape de la production. Les personnes à l'intérieur de la prison changent de position pour apprendre toutes les techniques. Cela va de la création des moules que nous utilisons pour créer nos assiettes, nos tasses, au dépôt de marque sur nos produits et emballages, en passant par le moulage des pièces avec le grès. "

  

Quels types de produits fabriquez-vous et quelles sont vos inspirations ?

" Nous utilisons du grès liquide comme matière première. Nous avons changé de fournisseur très récemment pour ne travailler qu'avec des matériaux portugais.

La première collection a été conçue par José Oliveira, un designer anthropologue. Sa spécialité est de comprendre comment les humains interagissent avec les équipements et les outils. Notre idée pour la première collection était donc de créer des pièces classiques et utiles, qui pourraient s'intégrer dans presque toutes les maisons, et avoir différentes fonctionnalités en fonction du mode de vie des gens. Par exemple, nos assiettes plates sont assez grandes, de sorte que certaines personnes les utilisent comme plat de service. "

 

Les assiettes plates en céramique Pura prêtes à être vendues
 Les assiettes plates Pura une fois cuites.

 

 

Quelles sont les actions mises en place par Reshape Ceramics pour réduire votre impact sur l'environnement ?

" Lorsque nous avons créé Reshape Ceramics, nous avons réfléchi à l'impact de ce projet social sur l'environnement. Même s'il s'agit d'artisanat et de petits processus, cela crée toujours des émissions et des déchets. Nous avons examiné la chaîne de production et avons identifié les principaux problèmes.

Tout d'abord, nous recyclons tout notre grès pendant le processus. Nous avons créé une collection de trois pièces pour la salle de bain avec du grès recyclé, en partenariat avec le magasin portugais Do Zero. Chaque pièce qui se casse après avoir été cuite est envoyée à une entreprise qui fabrique des matériaux de construction avec de la céramique. Et pour les pièces qui ont trop de défauts pour être vendues au prix habituel, nous les vendons avec une remise.

Nous utilisons également des fours électriques alimentés par de l'énergie verte.

Nous effectuons notre compensation carbone de manière informelle. Nous calculons en interne la quantité de gaz à effet de serre que nous avons produite et nous donnons cette somme à des projets de reboisement ou à des projets similaires. "

 

Le grès est recyclé lors de toutes les étapes de la fabrication de la vaisselle

Le grès est recyclé à chaque étape de la production : avant cuisson, il est conservé et réutilisé pour créer de nouvelles pièces, après-cuisson, il est gardé et envoyé à une entreprise de construction qui utilise le grès pour fabriquer ses matériaux de construction.

  

Quelle est la partie que tu préfères dans ton travail ?

" Ma partie préférée dans ce travail, ce sont les gens. Je n'ai pas à faire beaucoup d'efforts. Je permets juste à des personnes d'accéder à un emploi, et par ce travail leur vie change complètement. Je me sens très privilégiée d'avoir cette vie. Et cela me rend très heureuse de savoir que simplement en faisant mon travail, j'aide d'autres personnes à obtenir un emploi également. Par exemple, nous avons eu pour la première fois une session avec un comptable qui enseignait à nos bénéficiaires comment déclarer leurs impôts. Pour certains d'entre eux, c'était la première fois qu'ils avaient à le faire. Ils reçoivent de l'argent, ils paient des impôts, comme des gens normaux. "

 

Y a-t-il un projet / une collection / un événement futur dont tu aimerais nous parler ?

" Je vais vous partager une exclusivité : nous allons lancer une toute nouvelle collection très bientôt. Ce sera une petite collection, avec 2 ou 3 pièces, toujours fabriquées avec du grès. Notre idée est de proposer une collection différente de la première qui est très symétrique. Nous voulions que celle-ci ait un aspect plus organique. "

 

Un dernier mot pour la fin...

" Je tiens à remercier tous nos bénévoles et partenaires qui nous permettent de continuer ce projet incroyable ! "

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